« Bon sang, qu’est-ce que je n’ai pas fait ? »
L’un de mes anciens patrons, président d’un Groupe international de bâtiment et travaux publics de 70000 collaborateurs, avait coutume de dire en cas d’accident grave sur l’un de nos chantiers : « Bon sang, qu’est-ce que je n’ai pas fait ? » là ou d’autres managers disaient plutôt « Bon sang, qu’est-ce qu’ils ont fait ? ».
Développer une culture sécurité proactive, c’est faire en sorte que chaque manager ait la même réaction que ce patron exemplaire. C’est s’intéresser notamment aux causes racines des accidents graves et des incidents à haut potentiel de gravité car elles sont liées à des facteurs organisationnels et humains qui sont la conséquence directe des décisions du management opérationnel.
Un escalier se balaie par le haut ! Et la sécurité, ça commence par le top management ou ça ne commence pas du tout.
Il suffit de peu de choses pour donner une nouvelle impulsion et entrainer ses équipes vers le niveau proactif :
Mettre en valeur le positif, en consacrant par exemple autant de temps aux initiatives vertueuses et aux progrès réalisés qu’aux problèmes rencontrés lors des audits, pendant les interventions en séminaires, à l’occasion du tournage de séquences vidéo sur sites .
Mieux réagir face aux événements indésirables, en évitant par exemple, après avoir été informé d’un accident, de poser comme première question « c’est un accident avec arrêt ? ». On évite ainsi la perception que ce qui intéresse le manager, c’est le taux de fréquence de son entité et son impact sur sa rémunération plutôt que la santé de ses collaborateurs.
Adapter son discours et son vocabulaire, en disant par exemple à un ouvrier ne portant pas ses lunettes de sécurité « protège tes yeux » plutôt que « porte tes lunettes ». On montre ainsi l'intérêt que l’on porte à sa personne au lieu de manifester un simple rappel à la règle.
En mettant en place ces quelques principes simples associés à une préparation rigoureuse des chantiers, le Groupe de bâtiment et travaux publics auquel j’ai fait référence en introduction a vu son nombre d’accidents graves divisé par 5 en l’espace de 7 ans. Cela a été rendu possible grâce à l’engagement constant des managers au plus haut niveau de l’entreprise.
Le même patron exemplaire me disait souvent non sans malice : « Je rêve du jour où je n’aurai plus besoin de vous ! ». Il voulait parler du jour où les managers opérationnels n’auraient plus besoin du support des équipes santé sécurité pour assurer la production sans aucun accident … Ce jour n’est pas encore arrivé dans la plupart des entreprises et c’est la raison pour laquelle je suis particulièrement motivé à poursuivre aujourd’hui avec le Groupe-conseil Perrier mes actions de sensibilisation.
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